Naissance d’un père

Quand se sent-on vraiment père ?

C’est un fait. La grande majorité des femmes se sent mère dès le moment où elle apprend qu’elle est enceinte. Le plus souvent par contre, pour vous, homme, le fait de se sentir père ne coïncide pas avec l’annonce, cela reste encore l’exception à la règle. Et comment en serait-il autrement vu que pour vous, cet enfant va rester quelque chose d’abstrait pendant de longs mois encore ?

Pour la femme il en va autrement. La grossesse est pour elle une réalité physique. Elle va commencer par souffrir de toutes sortes de petits maux, son corps va changer, elle va sentir bébé grandir et bouger à l’intérieur d’elle même. Vous, le futur papa ne connaîtrez rien de tout ça si ce n’est en spectateur. Vous subirez les sautes d’humeur de la mère, puis la verrez changer physiquement, et il vous faudra du temps avant de pouvoir sentir bouger l’enfant, et ce toujours au travers du ventre de la maman, sans réelle intimité papa-enfant. Vous allez être papa, alors que votre femme est déjà mère à ce moment. Bien sur, les échographies vont vous permettre de mieux visualiser cet enfant, mais là encore, la première, bien que magique, ne vous donnera pas vraiment l’impression que c’est un bébé que vous voyez. Ca n’y ressemble toujours pas, et vous risquez d’être un peu perdu face aux explications parfois vagues du médecin qui vous décrit ce qu’il voit. Bébé restera donc le plus souvent une idée pour vous. Et vous continuerez à dire « je vais être papa » jusqu’au jour J.

Jour J où se produira le plus souvent le déclic et où, en tenant bébé dans vos bras pour la première fois, vous allez vous dire « ça y est, je suis papa ». En général, voir et toucher l’enfant pour de bon suffira à vous faire sentir père si ce n’était pas encore le cas, même si parfois il vous faudra encore un peu de temps pour réaliser l’ampleur de ce qui vient de se passer et ce que cela implique. Bien sur, vous y aurez pensé maintes et maintes fois tout au long des 9 mois de la grossesse, mais la réalité est souvent différente de ce que l’on peut s’imaginer. Prévoir l’avenir n’apporte pas une certitude, et vous ne pouvez savoir à l’avance ce que vous allez ressentir le moment venu. Oui, ressentir, parce que devenir père se passe avant tout dans votre cœur et dans votre tête. Sinon, vous restez simple géniteur.

Mais il n’est pas rare qu’un homme ait besoin d’encore quelques temps pour vraiment se sentir papa. Certains peuvent avoir besoin qu’une relation s’installe entre eux et l’enfant, et cela peut prendre du temps, plus ou moins longtemps selon les cas, mais ils finiront par se sentir pères, et ce même s’ils ne manifesteront pas d’une réelle fibre paternelle et seront peu impliqués dans la vie de l’enfant.

Bien sur, il est possible d’accélérer le processus et de se sentir père très vite. Certains se sentent père aussi vite que la femme. Sans pouvoir dire si c’est la cause ou l’effet, on remarque que ces hommes sont plus impliqués que les autres dans la grossesse, qu’ils ne vivent pas en tant que simples spectateurs passifs mais en acteurs. Ils recherchent des informations sur l’évolution de leur enfant, ne ratent pas une visite chez le médecin, assistent aux cours de préparation à l’accouchement, parlent beaucoup de cet enfant avec la maman…

Sans aucun doute, le fait d’avoir recours à l’haptonomie, et le lien affectif qu’elle crée entre l’enfant et le père, aide l’homme à prendre conscience de son nouveau statut, tout comme l’attitude de la future maman en lui faisant partager sa grossesse, sans le brusquer ou le forcer, mais en le laissant évoluer à son rythme. Si pour la femme la grossesse est un phénomène à la fois physiologique, émotif et mental, chez l’homme seules ces deux dernières composantes sont présentes. Composantes qui nécessitent un laps de temps plus long pour que la paternité s’installe, et qui en font une notion abstraite. Ce n’est que quand la présence physique de l’enfant se manifestera, en altérant la vie du père de façon concrète (notamment lors des rapports sexuels au cours des derniers mois de la grossesse) et encore plus, de façon souvent à la fois nécessaire et suffisante, lors des premiers contacts physiques et des premiers câlins tout de suite après l’accouchement, que l’homme se sentira réellement père.

Encore une fois, cela ne veut pas dire qu’ils se ne posent pas de questions pendant la grossesse, que cela ne les intéresse pas ou qu’ils n’en soient pas heureux. Tout au contraire. Mais cela reste une idée projetée dans le futur et n’a rien d’anormal. Si c’est votre cas, le savoir, le comprendre et l’accepter est tout aussi important pour vous que pour la future maman. Cela vous aidera à vous déculpabiliser et à éviter des tensions au sein du couple où la femme pourrait avoir l’impression que vous ne participez pas avec assez d’enthousiasme à la grossesse parce que vous ne désiriez pas cet enfant et que cela ne vous intéresse pas. Vous vous sentez tout simplement encore futur papa.

Retrouvez d’autres articles sur ce thème sur le site http://www.jeunepapa.com/

Au cours de la grossesse, la place du père et son rôle d’étayage….

Vidéo avec Pierre Delion, psychiatre, psychanalyste…. ici

Les difficultés du “devenir père”

Aujourd’hui, les pères fréquentent en nombre les espaces traditionnellement réservés aux mères et aux bébés (consultations prénatales, maternités, consultations de PMI et de pédiatrie, crèches, etc.). Les professionnels, en majorité des femmes, peuvent se trouver démunis face à ces hommes engagés dans une paternité de proximité qui bouscule les représentations traditionnelles du père. Ils le sont d’autant plus que, souvent, ils n’ont bénéficié d’aucune formation sur la transition vers la paternalité et ses avatars, ainsi que sur son impact sur le couple et la vie familiale.

Cet ouvrage, émaillé d’illustrations cliniques, offre une description du processus normal du “devenir père” et de ses perturbations. Prenant en compte les influences réciproques qui s’exercent au sein de la triade père-mère-bébé, il propose des repères pour accompagner la paternalité.

L’auteur: Martine Lamour, psychiatre, chercheuse et formatrice dans le domaine des interactions précoces, s’est intéressée aux liens du jeune enfant avec ses différents partenaires dans les situations à haut risque de maltraitance et de négligences graves. Elle a aussi mené une recherche sur le processus de paternalité avec des crèches.

Pour accéder gratuitement à cet ouvrage, depuis le site YAKAPa.be, cliquez ici