Désirer un enfant

D’où vient notre désir d’enfant?

Pas facile d’être d’accord au même moment pour se lancer dans la grande aventure de la procréation. Les processus psychiques ne suivent pas la même évolution chez la femme et chez l’homme.

 Chez la femme : un rêve de petite fille

 • Un désir qui remonte à la petite enfance

Selon Freud, le désir d’enfant émerge chez la petite-fille aux alentours de dix-huit mois, lorsqu’elle commence à s’identifier à sa mère et l’imite en s’occupant de sa poupée. Vers cinq ou six ans, c’est la période du complexe d’Oedipe : la petite-fille se détourne de sa mère, pour souhaiter un enfant de son père. Chez les jeunes adolescentes, on observe que le désir d’enfant répond surtout à un besoin affectif. C’est avec la découverte de la sexualité, que la jeune femme est ensuite attirée par des “objets” d’amour différents de ses parents. En rencontrant le sexe opposé, son désir d’enfant se manifestera de nouveau

• Récompenser sa mère

Pour la psychiatre Monique Bydlowski, enfanter c’est reconnaître sa propre mère à l’intérieur de soi. Elle estime que d’une manière inconsciente, le premier enfant est dédié à la mère . Elle observe que les femmes qui ont des relations difficiles avec leurs mères repoussent ce désir d’enfant.

Chez l’homme : un désir plus tardif

 Si le désir d’enfant est ancré dès la petite enfance chez la femme, chez l’homme il est beaucoup plus tardif : il est le résultat d’une longue maturation psychique.

• Un nouvel engagement
Il représente un nouvel engagement dans sa vie. Avec la paternité, l’homme abandonne définitivement l’adolescence et affirme sa virilité. Dans le même temps, il est projeté vers le passé : il revisite sa propre enfance et ses relations avec son père et son grand-père.

La dette maternelle

Le désir d’être père serait, pour la psychanalyse freudienne, également à relier au désir de récompenser sa mère. L’homme offre son enfant à sa mère pour la remercier de lui avoir donné la vie.

• Des préoccupations plus matérielles

Les hommes, plus que les femmes ont davantage besoin de se rassurer sur leur capacité à accueillir l’enfant sur le plan matériel. Ils auront, par exemple, à cœur d’avoir une situation professionnelle stabilisée, penseront davantage aux conséquences en terme de logement, transports….

Le désir d’enfant

Pour une femme, toute grossesse comporte au moins la satisfaction deux désirs inconscients en proportion variable. :

– Le désir de grossesse: celui d’être enceinte, pleine, habitée et qui répond à toutes les pertes, comblements narcissiques…..

– Le désir d’enfant: celui de mettre au monde un enfant-sujet, un autre, dans un projet de relation d’objet libidinal satisfaisant tous les désirs.

La crise du temps de la grossesse va donc remettre en chantier les bases de l’identité et a travers les conflits et les tensions faire émerger une nouvelle identité. C’est souvent l’arrivée du premier enfant qui va entraîner le plus grand bouleversement.

  • Désir de grossesse

Dans la vie psychique de la femme, le désir d’enfant s’inscrit dans la logique de passage du corps de la jeune femme à celui de la mère. Le désir d’enfant est bien souvent avant tout un désir de grossesse. Ce « malentendu » se révèle tout particulièrement quand la femme enceinte a idéalisé son enfant pendant neuf mois, et découvre un enfant fait de chair et de sang nécessairement différent du rêve.

Désir d’être enceinte, aussi dans la fonction de femme par rapport à un homme. C’est un accomplissement de la féminité, envie de donner ce que l’on a pas reçu soi-même, compenser un déficit affectif… les facteurs psychologiques à l’origine du désir d’enfant sont nombreux.

  • Désir d’enfant

c’est celui de mettre au monde un enfant-sujet, un autre, dans un projet de relation d’objet libidinal satisfaisant tous les désirs.

Si le désir d’enfant est à rapprocher de la vie psychique de la mère, le besoin est, lui, à rapprocher de la vie sociale. Ainsi, le besoin d’enfant peut davantage s’apparenter à une recherche inconsciente de conformité sociale, de besoin de ressembler à un modèle socialement valorisé et porteur à la fois de reconnaissance et d’intégration sociale. Ce distinguo entre désir et besoin est l’objet d’une attention particulière de la part des autorités quand des couples, confrontés à des problèmes de stérilité, souhaitent s’orienter vers des démarches de procréation médicalisée ou des demandes d’adoptions.

Lorsque le désir d’enfant ne se concrétise pas:

Désirer un enfant et ne pas tomber enceint(e)?

Cette attente infertile a des multiples résonances sur le couple. Elle affecte les relations dans le couple, mais aussi individuellement. Il n’est pas toujours simple d’en parler avec son partenaire. C’est une véritable mise à l’épreuve, l’entrée dans un parcours médicalement assisté est souvent associé par les couples comme un véritable parcours du combattant.
Souffrances physiques, souffrances psychiques, doutes, il est parfois difficile de penser à autre chose que cet enfant, parfois symboliquement trop présent, parfois trop absent.
La découverte de l’infertilité vient interroger des failles narcissiques et la culpabilité de chacun.  L’impossibilité de la grossesse est vécue comme un drame ou une malédiction rendant la situation insupportable. On doute de soi, de son couple. Suis-je le bon partenaire pour lui, pour elle? C’est de ma faute si tout cela arrive.
Comment rester un couple vivant et serein alors que les actes médicaux et les rendez-vous viennent rythmer la vie au quotidien? Qu’en est-il du désir au sein du couple?

Nombreux sont les hommes et les femmes qui ne réalisent pas qu’ils ne sont pas les seuls à souffrir et que plus d’un couple sur six éprouve des difficultés identiques. Ne pas réussir à concevoir un enfant, est encore trop souvent synonyme de honte et de tabou. Les partenaires se replient peu à peu sur eux-mêmes, s’isolent, voient de moins en moins leurs amis ou leur famille, de peur d’être confrontés à ces questions lancinantes qui les paniquent, comme par exemple: « alors, je serai grand mère pour Noël?», « où en êtes-vous pour le bébé ? »ou alors pire encore « vous n’y arrivez toujours pas ? ». Ils ne  supportent pas de rencontrer des couples avec des enfants, car cette situation les renvoie à ce qu’ils vivent.

Le psychologue peut vous offrir un soutien psychologique dans ces épreuves, que ce soit d’un point de vue individuel ou de couple.

Bibliographie:

« Désirs d’enfant », Jacques André, éditions PUF.
« La révolution intérieure », Corinne Antoine, éditions Larousse.
« La dette de vie. Itinéraire psychanalytique de la maternité », Monique Bydlowski, éditions PUF.
« Désir d’enfant », René Frydman et Marcel Rufo, éditions Marabout.